Je suis remonté dans le canyon, j’ai déboutonné ma grande veste rouge, et je courais dans le canyon, comme ceci, en le contournant. Tout à coup, je me suis dit : “Oh, où est-ce que j’avais tourné?” Le vent soufflait déjà fort, les arbres valsaient ensemble. Je me suis dit : “Où est-ce que j’avais tourné?” Je suis allé de l’autre côté. Je–je savais que je me dirigeais tout droit vers le mont Hurricane. Mais tout à coup je me suis arrêté, j’étais en sueur, je me suis dit : “Qu’est-ce qui se passe ici? Ça fait une demi-heure ou trois quarts d’heure que je suis parti, et je ne trouve pas l’endroit où j’avais tourné.” J’ai levé les yeux, et mon cerf était suspendu là. J’étais exactement au même endroit. Je me suis dit : “Eh bien, qu’est-ce que j’ai fait?”
Eh bien, je suis reparti. Je me suis dit : “Cette fois je vais y arriver, je n’étais pas attentif, c’est tout.” J’ai fait attention à chaque petit mouvement, partout, je faisais attention. Je cherchais, et cherchais, et cherchais. Les nuages qui approchaient, je savais qu’il allait y avoir une tempête de neige, le brouillard était très bas, et là j’ai commencé à remarquer. Je me suis dit : “Je vais aller un peu plus loin”, j’ai continué, continué, continué, continué, continué, continué, continué. Je me suis dit : “Eh bien, c’est bizarre, on dirait que j’ai déjà vu cet endroit. J’ai regardé, et mon cerf était suspendu là. Voyez?
Savez-vous ce que je faisais? Les Indiens appellent ça la “marche de la mort”. Voyez-vous, vous marchez en décrivant un cercle, vous tournez, et tournez. Eh bien, je me croyais trop bon guide pour jamais m’égarer. Voyez-vous, on n’avait pas besoin de me dire quoi que ce soit des bois, je savais me débrouiller. Voyez?
Je suis reparti. Je disais : “Impossible que je fasse cette erreur.” Et je suis encore revenu.
Je suis monté un peu plus haut dans le canyon, à ce moment-là le vent avait déjà commencé à souffler. Oh! la la! de la neige partout! Il faisait presque nuit. Et je savais que Méda mourrait pendant la nuit, dans cette région sauvage, elle ne savait pas se débrouiller toute seule. Et Billy avait peut-être quatre ans, trois ans, il n’était qu’un petit bout de chou. Et je me disais : “Qu’est-ce qu’ils vont faire?” Eh bien, je suis monté jusqu’à un endroit, il y avait un tapis de mousse, je me suis dit : “Je suis sur un terrain plat quelque part, et je ne vois rien, c’est tout brumeux.” Là, je tournais en rond.
En temps normal, j’aurais trouvé un endroit où m’arrêter, si j’avais été avec quelqu’un. Je me serais arrêté, j’aurais attendu que la tempête soit passée, un jour ou deux, ensuite je serais ressorti. Je me serais dépecé un morceau de cerf... avec ça sur le dos, je serais allé m’enfermer, j’aurais mangé et je n’y aurais plus pensé. Mais on ne peut pas faire ça, quand on a sa femme et son bébé là-bas dans les bois, en train de périr. Voyez?
Alors je me suis mis à réfléchir : “Qu’est-ce que je peux faire?” Alors j’ai continué à avancer un peu. Je me suis dit : “Attends un peu.” Quand j’ai traversé la première vallée, j’avais le vent de face, donc j’ai dû venir de cette direction-ci. Forcément que je suis venu de cette direction-ci.” Je m’étais enfoncé dans la forêt des Géants, mais je ne savais pas où j’étais. J’ai dit : “Oh!” J’ai commencé à m’énerver. Je me suis dit : “Attends un instant, Bill, tu n’es pas perdu”, j’essayais de bluffer. On ne peut pas bluffer. Non, non. Cette conscience, à l’intérieur, elle vous dit que vous avez tort.
Oh, vous–vous essayez de dire : “Oh, je suis sauvé, je vais à l’église.” Ne vous en faites pas, attendez un peu d’être sur votre lit de mort, vous saurez qu’il en est autrement. Votre conscience vous le dit. Quelque chose à l’intérieur de vous vous dit que vous avez tort. Voyez? Vous savez que si vous mouriez, vous ne pourriez pas aller à la rencontre d’un Dieu saint. Comme nous L’avons vu, hier soir, même les saints Anges doivent se voiler le visage pour se tenir devant Lui. Comment pourrez-vous vous tenir là sans avoir le Sang de Jésus-Christ pour vous voiler?
Je me disais : “Oh, je vais y arriver.” Je suis reparti. Je me suis rendu compte que j’entendais continuellement Quelque Chose. Là je me suis énervé. Et je me disais : “Maintenant, si je fais ça, je vais perdre les pédales.” Un homme qui est perdu, d’habitude c’est ce qu’il fait, il perd les pédales dans les bois. Ensuite il va prendre son fusil et se tirer, ou tomber dans un fossé et se casser une jambe, et il va rester là, il va mourir là. Alors, je me suis dit : “Qu’est-ce que je vais faire?” Alors, je me suis remis à marcher.
Et j’entendais continuellement Quelque Chose qui disait : “Je suis un Secours qui ne manque jamais au moment de la détresse.” Et je continuais à marcher, tout simplement.
Je me disais : “Maintenant je vois bien que je commence à être un peu maboul, là, j’entends une voix qui me parle.” Je continuais à avancer. Et là, “hhhu, hhhhu, hhhhu”, je sifflotais, vous savez. Je me disais : “Allons, je ne suis pas perdu. Tu sais où tu es, mon gars! Qu’est-ce que tu as? Tu ne peux pas te perdre. Tu–tu es trop bon chasseur pour ça, tu ne peux pas te perdre.” Je me vantais, vous savez, j’essayais de bluffer pour passer au travers.
Vous ne pouvez pas bluffer. Tout au fond, ici, il y a une petite roue qui tourne, qui dit : “Mon gars, tu es perdu, et tu le sais. Voyez? Tu es perdu.”
Je continuais à avancer. “Oh, je ne suis pas perdu! Tout ira bien. Je vais retrouver mon chemin pour sortir.” Les choses ont commencé à prendre un drôle d’aspect, le vent tout près. La neige s’est mise à tomber, une petite neige en bouillie, nous on dit “grésiller”. Et je pensais à ma femme et au bébé. Je ne suis pas... Je me disais : “Oh! la la!”
Tout à coup, j’ai encore entendu Cela, qui disait : “Je suis un Secours qui ne manque jamais au moment de la détresse.” J’étais ministre de l’Évangile à l’époque, je prêchais ici même au Tabernacle.
Alors je me suis dit : “Eh bien, qu’est-ce que je peux faire?” Je me suis arrêté, j’ai regardé partout, et là le brouillard était déjà tombé. Je... Ça y était. À ce moment-là il n’y avait plus rien à faire. Je me suis dit : “Oh, qu’est-ce que je peux faire?” Je me suis dit : “Monsieur, je ne suis pas digne de vivre, j’ai été trop sûr de moi. Je pensais que j’étais un chasseur, mais je n’en suis pas un.”
Et, frère, je Lui ai toujours fait confiance. Au tir, je détiens des records, ils sont accrochés là. Et comme pêcheur, je suis médiocre, mais je Lui ai toujours fait confiance. Au tir, je suis médiocre comme tireur, mais il m’a permis d’établir des records mondiaux. Voyez? Tirer des cerfs, à sept ou huit cents verges [six cent quarante ou sept cent trente mètres]. J’ai un fusil, accroché là, avec lequel j’ai tué trente-cinq pièces de gibier, sans manquer un seul coup avec. Lisez ça quelque part, si vous le pouvez. Voyez? Ce n’est pas moi, c’est Lui. Je Lui ai fait confiance.
J’étais là, je me disais : “Qu’est-ce que je peux faire? Qu’est-ce que je peux faire?”
Je continuais... Ça se rapprochait de plus en plus, de plus en plus : “Je suis un Secours qui ne manque jamais au moment de la détresse, un Secours qui ne manque jamais.”
Je me suis dit : “Est-ce que c’est Dieu qui me parle?” J’ai ôté mon chapeau. J’avais mon chapeau de garde-chasse, avec le mouchoir rouge attaché autour. Je l’ai posé par terre. J’ai ôté ma veste, elle était humide. J’ai déposé ma veste par terre, j’ai adossé mon fusil contre un arbre. J’ai dit : “Père Céleste, maintenant je commence à divaguer, j’entends une voix qui me parle. Est-ce Toi?” J’ai dit : “Seigneur, je vais T’avouer que je ne suis pas un chasseur. Je n’en suis pas un, je–je n’arrive pas à me débrouiller. Il faut que Tu m’aides. Je ne suis pas digne de vivre, après avoir fait les choses que j’ai faites, de venir ici et de penser que je m’y connaissais trop pour jamais me perdre. J’ai besoin de Toi, Seigneur! Mon épouse est une brave femme. Mon bébé, mon petit garçon, sa mère est décédée, et elle essaie d’être une mère pour lui, et je viens de l’épouser. Et elle est là, une enfant, dans les bois, ils vont tous les deux mourir cette nuit. Avec ce vent, il va peut-être faire dix degrés au-dessous de zéro [vingt-trois degrés Celsius au-dessous de zéro], et ils ne sauront pas comment survivre. Ils vont mourir cette nuit. Ne les laisse pas mourir, ô Dieu. Emmène-moi auprès d’eux, pour que je puisse m’en occuper, qu’ils ne meurent pas. Je suis perdu! Je suis perdu, ô Dieu! Je–je n’arrive plus à retrouver mon chemin. Je T’en prie, ne veux-Tu pas m’aider? Et pardonne-moi ma conduite égocentrique! Je ne peux rien faire sans Toi, Tu es mon Guide. Aide-moi, Seigneur.”
Un frère nous a envoyé ce témoignage. Il a, comme beaucoup d’entre nous, essayé de régler un problème par ses propres moyens. Lui et sa famille étaient isolés dans la neige, à minuit, sur une route sombre, avec peu d’espoir d’être secourus. C’est là qu’il s’est rappelé la chose la plus importante.